Le monde a changé c’est un fait, tout ce qu’on tenait pour acquis, qu’on pensait nôtre n’est plus, la nature a repris ses droits et les humains autrefois en haut de la chaine alimentaire se retrouvent à présent bien mal partis. La vie de beaucoup ne tient plus que par leur capacité à survivre, à combattre, à se faire les bons alliés. Pour tout comprendre il faut revenir quatre ans plus tôt, par une belle journée d’été, les médias du monde entier titraient la venue d’une éclipse solaire totale, cette dernière n’avait visiblement pas eu lieu depuis l’âge antique. Pour beaucoup, cela ne voulait rien dire de particulier, pour certains c’était l’occasion de mettre en avant leurs pires craintes de fin du monde comme avec le calendrier Maia quelques années plus tôt. Mais aucun n’avait véritablement conscience du danger réel qui allait nous tomber sur le dos. alors que le soleil se recouvrit doucement du halo lunaire, plusieurs phénomènes se produisirent, en quinze minutes le monde bascula dans une ère qu’il n’avait pas connue depuis des siècles. Les petits appareils furent les premiers à tomber en panne, micro-ondes, stimulateur cardiaque, piles de baladeur, batteries de portable... en quinze infimes minutes le monde vit mourir un à un tous les objets modernes qu’il connaissait. Quand le soleil revint, la terreur avait pris place, les avions tombaient du ciel comme des bombes, les voitures s’entrechoquaient dans des accidents. L’état d’urgence fut mis en place, mais sans moyens logistiques, les villes furent rapidement pillées, les forces militaires débordées et les navires qui ne marchaient pas avec une quelconque énergie pris d’assaut et pour beaucoup coulés par la cupidité d’autres. Les plus faibles furent les premières victimes, les hôpitaux, les maisons de retraite et infrastructures du genre furent à la fois débordées et l’objet de nombreuses morts.

Deux ans plus tard le monde telle que tous le connaissaient n’existait plus, les villes étaient devenues si dangereuses que beaucoup les avaient fuies pour se terrer dans des lieux improbables. Quelques bastions armés qui avaient cherché à préserver l’humanité en créant des camps de refuges devaient à présent faire face à des épidémies et au manque de nourriture.

Trois ans avaient passé et les camps n‘étaient plus qu’un souvenir, des rumeurs. Quelques groupes s’étaient formés de par le pays et avaient tenté à présent de reconstruire une vie, apprenant comme nos ancêtres à cultiver la terre, à fortifier leurs habitations. Le danger était partout, les hommes, les animaux autrefois parqués dans des zoos et aujourd’hui libres de proliférer dans la nature, le manque de médicaments et d’armes pour se défendre, les outils devenus rares et l’argent qui n’avait plus court... Le temps du troc avait pris place et de par ce fait, les pillages aussi. Beaucoup de communautés furent attaquées et décimées au profit d’autres moins enclines à la reconstruction qu’à la survie. Quelques rumeurs couraient, parlant d’humains et d’animaux ayant changé. Certains parlaient de monstres, de châtiment divin, d’autres de mutations, d’évolution et beaucoup ne croyaient pas à ces rumeurs, pas plus qu’ils ne croyaient par le passé à des dieux grecs ou aux loups garous et au croquemitaine. Le changement a toujours intrigué, a toujours fait peur. Dans un monde où les douleurs de la perte ou la mort ont touché beaucoup, il semble simple d’imaginer que si telle chose se produisait, beaucoup tiendraient pour responsable ces nouvelles créatures, pas vrai ?

Un an plus tard, il n’y a à présent plus aucun doute, certains ont développé des capacités, et tous ne le voient pas d’un bon œil. Les nouvelles villes fraîchement reconstruites voient arriver des chasseurs de primes pour le compte d’un homme obscure. A croire qu’il faillait un tel phénomène pour que les anciens ennemis, voleurs, assassins et survivalistes se trouvent un point commun et décident de s’unir, créant un nouveau camp. La délation est devenue monnaie courante contre quelques privilèges (bijoux, nourriture, terres… tout le monde a un prix). Cependant nul ne sait ce qui se passe dans ces camps d'où personne ne revient, si certains s’imaginent qu’on les soigne, ou les étudie, d’autres n’y croient pas le moins du monde et décident de les protéger et d’en apprendre plus, tout en faisant encore face à un monde hostile.